Histoire Fantasy: Lemyna ou la soeur divisée par Melian

“Les Hommes approchent. Le secret de ta naissance doit t’être révélé. Il y a quelques années, je sortais beaucoup, surtout pour aller chasser avec mes loups. Arel, mon mari et roi, me laissait aller avec la promesse de renvoyer chaque jour un membre de ma meute au village. Vint le jour où je partis si loin que je ne pouvais revenir en une journée. Or, il ne me restait plus qu’un loup. Je lui fis porter un message entre ses dents. Il disait que je serai de retour une lune plus tard et qu’avant cela, il ne fallait pas s’inquiéter. Peu de temps après, j’étais hors de la forêt.
Le monde est différent au-dehors. Plus vif, plus coloré, mais moins vivant. Je marchais encore quelques temps, puis arrivai à une ville. Une ville d’hommes. Je parvins à me procurer une harpe et des vêtements de ménestrelle. C’est sous ce déguisement que j’entrai dans le château. Son souverain se nommait Lemyn. Je lui proposai mes services durant quelques jours. Nos regards se croisèrent et nous conçûmes aussitôt de l’amour l’un pour l’autre.
Je quittai le château quelques temps plus tard, le cœur lourd. Je perdais mon amour. Mais je savais qu’une petite étincelle vivait en moi. Une étincelle que je n’ai pu cacher longtemps à Arel.
Il fut très bon pour moi. Il me promit de prendre soin de l’enfant et de le revendiquer comme le sien. Mais tu ressembles tellement à ton père que la supercherie à vite été découverte.
Si un jour tu veux le rencontrer, lui et l’autre race dont tu es issue, va vers le Nord et quitte la forêt.”
“Je ne veux pas connaître les personnes qui exterminent mon peuple.”
“Mais tu es autant de notre peuple que du leur. Tel est ton destin. Toujours sombre et claire, toujours terre et mer, toujours chasseur et proie. Je suis navrée mon enfant, mais tu seras seule et partagée toute ta vie.”

***

“Joue-moi un air.” demanda Lemyna.
“Seulement si tu m’accompagnes de tes pitreries et de tes chants, petite sœur.” répondit Elfie.
“Bien. Qu’attends-tu ?” s’écria Lemyna en s’élançant du haut d’un arbre pour atterrir quelques pas plus loin après un parfait salto arrière.
Elwen fit aussitôt glisser ses fines mains sur les cordes de sa harpe. Puis, doucement, comme un petit chiot marche après sa naissance, elle entama un air avec hésitation. Elle gagna bientôt en assurance, transformant les pas incertains de l’animal qui vient de voir le jour en une troupe de biches au galop léger. Alors Lemyna entonna un chant elfique plein d’entrain, y joignant ses acrobaties et ses cabrioles.

“Il y a longtemps sous le ciel,
Un oiseau à tire d’aile,
M’emmena la chanson,
D’un magnifique garçon.
On le disait beau, grand,
Mais il en était trop conscient.
De ses énormes qualités,
Il ne cessait de se vanter.
Un jour une elfe ravissante,
Lui posa une question intelligente.
« Qui a la taille d’une colline,
Mais n’est pas plus lourd qu’une épine ? »
Le garçon aveuglé par l’orgueil,
Répondit que c’était une feuille.
La fille rit de son regard sombre,
Et avoua que c’était l’ombre.
Pour consoler le garçon humilié,
Elle lui donna un gros baiser.
Ils devinrent le plus merveilleux,
Des couples d’amoureux,
Et racontèrent leur histoire,
Pour endormir leurs filles le soir.”

Après une dernière pirouette, Lemyna s’assit et partit d’un grand éclat de rire, bientôt accompagnée par sa sœur.
Une douce fraîcheur émanait de la forêt sous l’éclat scintillant du soleil. On entendait au loin le gazouillis des oiseaux. Le ruisseau qui traversait la clairière où se trouvaient les deux jeunes femmes les vit bientôt endormies, la main dans la main, prises par un sommeil insouciant et heureux.

Ouhlà, ça me paraît loin, tout ça ! J'ai vraiment des retouches à faire, vivement que le xp soit réparé

Tu rigole? C'est trop coooooooool!

Ben euh merci !
(mais ça m'empêchera aps de faire des retouches )

Enfin, si Sub te dis que c'est cool... C'est que c'est cool.

Pas mal raisonné, Faë

Ca servirait à quoi les amis autrement???

Voilà la suite, servie toute chaude!!!

Des monceaux de corps. Le sang qui s’écoulait en de longues rigoles sombres entre les arbres brûlés. Le silence de la forêt, morte. Le soleil qui brillait. Le soleil qui brûlait. L’odeur de la mort. Les restes calcinés des maisons. Un cri de désespoir, long, aigu, déchirant. Une larme sur une joue. Une main qui fouillait dans les corps. Un pendentif qu’on attacha au cou. Un poignard que l’on accrocha à la ceinture. Une mélodie qui retentit dans les airs. Un chant funéraire. La vie qui s’éloignait. Les souvenirs qui restaient. La fin.

***

“Si mon père est loyal, il nous accueillera.” affirma Lemyna.
“Il ne pourra pas se permettre de veiller sur une elfe, répondit Elfie, même si elle est la sœur de sa fille. Non, il va me falloir rester.”
“Jamais je ne me séparerai de toi, dit Lemyna d’une voix ferme. Tu es ma sœur et ton destin est lié au mien. Tu viendras avec moi à la cour de mon père. Mais nous ne nous présenterons pas comme ses filles. Un fou nommé Lemyn et une ménestrelle nommée Elfie seront mieux accueillies et apprendront à vivre en présence d’hommes plus discrètement qu’une bâtarde elfe et sa sœur.”

***

“Ils n’ont pas l’air méchant !”
“Non, ne sortez pas ! La ménestrelle est une elfe de lumière.”
“Elle m’a pourtant l’air plus sombre que le fou.”
“C’est une illusion. Ses cheveux et ses yeux sont noirs. C’est pour cela qu’elle resplendit. On voit mieux la lumière qui passe à travers elle.”
“Quelle importance ? Ils ont l’air inoffensifs.”
“N’as-tu pas entendu les légendes qui courent le pays ? Les elfes sont dangereux. Ils apparaissent, et les enfants s’approchent, éblouis par la lumière qui traverse leurs corps. Les elfes se mettent à chanter et à s’éloigner dans la forêt. Les enfants les suivent, bien entendu. Et on ne les revoit plus jamais.”
“Mais il y a un homme avec lui.”
“Non, c’est aussi un elfe, je crois.”
“Tu n’en es pas certain.”
“Non. Ses cheveux sont d’or et ses yeux du bleu du ciel. Sa peau me paraît cependant plus foncée que celle de l’elfe. Il y a une lumière, mais elle est voilée. C’est peut-être juste un effet du soleil.”
“Alors allons les retrouver !”
“Tu n’as pas entendu ce que je viens de dire ?”
“Nous ne sommes pas des enfants, et je ne vois qu’un fou qui fait des pitreries pour accompagner la viole de sa compagne.”
“Notre mission doit rester secrète et inconnue.”
“Bon d’accord, nous n’irons pas. Mais je sens que nous allons le regretter.”

***

“Par où allons-nous ?” demanda Elfie.
“Mère disait que c’était au Nord, toujours au Nord, jusqu’à la ville, répondit sa sœur. Et dans la ville, le château. Et dans le château, le roi. Mon père. Crois-tu qu’il voudra de nous ?”
“Ta voix est aussi elfique que mes mains, Lemyna, sourit Elfie. Et le charme des elfes opère sur tous les mortels. Ne t’inquiète pas, il nous sera fait bon accueil.”

***

“Pourquoi les suivons-nous ?”
“Tu connais un autre chemin ? Et puis, plus je les vois, plus je les aime.”
“Pas moi. Ils m’effrayent. Nous devrions prévenir Lemyn.”
“Nous avons notre mission à accomplir avant.”

***

“Alors c’est comme ça, une ville.” constata Elfie, impassible.
“Je n’ai jamais rien vu d’aussi extraordinaire ! s’exclama Lemyna. Je comprends que mère…”
“Mère a vénéré le peuple qui a causé sa mort ! s’emporta Elwen. Comment oses-tu souiller sa mémoire ?”
“Elfie… murmura sa sœur en la prenant dans ses bras. Mère a fait ce qu’elle a cru bon.”
“Pourquoi ne m’a-t-elle pas cru ? Pourquoi n’a-t-elle pas voulu m’écouter ?“ sanglota la jeune elfe.
“Parce qu’elle ne voulait pas affoler notre peuple, répondit Lemyna. Peu seraient partis, tu le sais, et Mère était contre la violence. Elle savait ce qui allait arriver. C’est pour cela qu’elle est sortie. Elle a admiré une dernière fois le soleil. Et puis, la chose la plus importante à ses yeux était sauvée. Ses enfants étaient en vie…”
“Je voudrai tous les tuer !” hurla Elfie en désignant les passants qui s’éloignèrent rapidement avec un expression peureuse et méfiante.
“Chut… dit Lemyna en lui caressant les cheveux. Ces gens ne sont pas responsables de ce qui est arrivé. Ce ne sont pas eux qui ont incendié notre village. Viens, assieds-toi un peu et dors, tu es extenuée.”
“Et toi ?” demanda Elfie d’une voix fatiguée.
“Ne t’inquiète pas, je veille sur toi.” répondit sa sœur.

C'est moche le début (horrible, abominable, ignoble) , ça me rappelle une certaine porte
Nan, c'est super comme histoire, juste le début de cette partie qui est un peu.....gorre

J'aurais dû mettre une pancarte "attention pour les âmes sensibles" ou "interrdis aux moins de 10 ans" mais j'en voyais pas vraiment l'utilité...

Ben euh ouais voilà, j'ai quand même fais des retouches
Non mais vous avez vu toutes ces répétitions, heureusement que je suis là quand même

Faut voir

Ben corrige toi si t'es si malin

C'est ton histoire, pas envie d'y toucher, t'as ton droit de copyrignt tout de même.
Allez, pour oublier

C'est quoi ces histoires de copyright vous allez pas mettre c Melian en-dessous de chaque phrase quand même !
Ben hop, un et tout est oublié (enfin même sans parce que je me souviens plus de ce que je disais comme d'hab ' )

J'ai réussi à tout transporter d'un ordi à un autre (je suis la reine de la technique !) Voilà la suite ! (no comment sur la poésie s'il vous plaît)



"Ils étaient coriaces ceux-là !"
"Oui, le grand lumineux s'est bien battu."
"Ca devait être le chef."
"En tout cas, le bandeau d'argent qu'il avait sur le front va nous rapporter à tous une petite fortune."

***

Elfie se réveilla en sursaut. Lemyna était à ses côtés.
"Tiens, voilà un peu d'eau", dit-elle en lui tendant une outre.
L'elfe but beaucoup. Le soleil la brûlait. Elle se couvrit de sa cape.
"Des hommes ont tendu une embuscade, dit-elle, Père est mort."

***

"Où allons-nous maintenant ?"
"Quelle question ! Nous retournons rendre compte à Felak."
"Et Lemyn ?"
"Le prince Felak décidera s'il faut l'avertir pour le fou et la ménestrelle."
"Je me demandais s'il ne fallait pas lui rendre compte en personne."
"Felak le fait sûrement. Pourquoi déranger notre roi si malade par des nouvelles qu'il aura déjà entendues ?"

***

"Je suis fou et voici mon amie ménestrelle, dit Lemyna. Nous voudrions montrer nos talents à sa majesté."
"C'est bon, le château vous est ouvert, répondit le garde. Présentez-vous au roi pendant son dîner, il décidera si vous êtes dignes d'entrer à son service."

***

"Regardez tous, et silence ! Des brigands sont en train de détrousser des voyageurs."
"Ils doivent avoir un campement pas loin. Venez !"

***

"Bonsoir Monseigneur, me ferez-vous l'honneur d'écouter ma chanson tandis que mon compagnon fou vous amusera de ses pitreries ?" demanda Elfie.
"Chante, ménestrelle, et que ton ami t'accompagne, répondit Lemyn d'une voix chevrotante. Mais je veux que les elfes apparaissent dans ta chanson. Et que ce soit gai ! Les temps sont assez sombres pour que l'on trouve plaisir à rire. "
Elfie entonna alors un air si plein d'entrain que tous se levèrent pour danser et frapper dans les mains. Une lueur de joie s'alluma même dans le regard du vieux souverain. Le fou se mit alors à chanter :

"Un jour un elfe encore agile,
Décida d'être un homme habile.
Il se présenta dans un village,
Pour être pris en apprentissage.
Mais tous le refusèrent,
Avec son mauvais air,
Son visage décharné,
Son corps vieux et fatigué.
Il décida pour apprendre,
De boire à la source tendre,
De la forêt de son lointain pays.
Mais à peine était-il parti,
Qu'arrivait le bras du destin,
Pour l'empêcher de suivre son chemin.
L'elfe commença par prendre femme,
Et veiller sur les enfants de sa dame.
Il construisit une grande maison,
Où pourraient vivre ses trois garçons.
Mais toujours il pensait,
Au rêve d'homme habile qu'il faisait.
Pour nourrir sa famille,
Il fit de la forêt une prairie,
Se mit à cultiver,
Et faire pousser du blé.
Quand l'heure de sa fin fut venue,
Il vit que depuis le début,
Il avait toujours été homme,
Aux rêves d'elfe puis d'habile homme.
Avant de vouloir devenir quelqu'un,
Réfléchissez bien et soyez malins,
Voyez d'abord qui vous êtes,
Avant de changer de tête."

Elfie acheva sur quelques notes joyeuses. Le bouffon fit une cabriole et s'inclina.
"Et que réclament le fou et la ménestrelle pour une si belle chanson ?" demanda Lemyn avec un sourire.
"D'être à votre seul service, Monseigneur", répondit Lemyna en s'inclinant à nouveau.

SUBLIME!!!!!!!!

Merci ça me touche beaucoup La suite de la suite alors

"Ainsi tu es venue, ma fille."
"Oui, père."
"Je ne pensais pas te reconnaître."
"Je ne pensais pas que vous me reconnaîtriez."
"Tu me ressembles trop."
"Mère disait « tellement »."
"Comment va-t-elle ?"
"Elle est décédée."
"Je croyais les elfes immortels."
"Ce sont vos hommes qui l'ont tuée."
"En es-tu sûre ?"
"Oui."
"Ils l'ont fait sans mon accord."
"Ce n'est pas à moi de vous juger."
"Demain tu verras ton frère."
"C'est un homme."
"C'est lui qui gère tout maintenant que je suis trop vieux."
"La vieillesse est le meilleur des refuges pour ceux qui s'aveuglent."
"Il ne m'aime pas. Tout comme sa mère ne m'aimait pas."
"La facilité est la pire des qualités d'un homme."
"J'aurai voulu que ta mère reste, tu sais. Mais j'étais marié et elle aussi."
"La beauté du destin n'a d'égal que sa cruauté."
"Je suppose que tu veux que je te prenne en charge, à présent ?"
"Je ne suis à la charge de personne !"
"Alors tu pourras rester ici à mon service jusqu'à le fin de l'hiver. Si tu me donnes satisfaction, libre à toi de poursuivre ta vie à mes côtés ou de partir en quête d'une vie meilleure. Quand à la ménestrelle …"
"C'est ma sœur."
"C'est une elfe."
"Rares sont les hommes qui ne rendent ce qu'ils reçoivent."
"La ménestrelle est soumise aux mêmes conditions que toi."
"Rares sont les hommes qui oublient qu'ils ont reçu."
"Mais vous ne serez pas toujours ensemble."
"Nombreux sont les hommes qui rendent même s'ils ont oublié avoir reçu."
"A partir d'aujourd'hui, tu es attachée à mon service personnel. Tu seras mon double, fou, toujours présent à mes côtés. Tu verras l'elfe quelques instants avant votre numéro et quelques instants après. Tâche de ne pas me décevoir. Tu es libre de partir."
"Les larmes libèrent l'âme de l'injustice comme du bienfait."

***

"Alors c'est notre dernière nuit ensemble ?" demanda Elfie, le visage baigné de larmes.
"Oh Elfie je suis si désolée ! s'exclama Lemyna, pleurant elle aussi. Je ne pensais pas que ça se passerait ainsi. Il va nous falloir être fortes. Tiens-toi dans l'escalier qui mène à la tour du roi tous les jours, lorsque le soleil est au quart de sa course. J'essayerai de venir te voir. Mais il faut que nous restions. C'est notre seul moyen de gagner un peu d'argent et d'être en sécurité. Les elfes sont pourchassés dans tout le pays sauf ici. Il nous faut rester. Peut-être que j'arriverai à faire changer d'avis mon père. Sinon je viendrai passer une partie de la nuit avec toi en cachette. Mêle-toi aux domestiques du château, tu en apprendras sûrement plus que moi sur les hommes d'ici."
"Je ferai comme tu m'as dit, soupira Elfie, mais il me tarde déjà de quitter cet endroit. Si seulement nous pouvions retourner dans la forêt !"
"Ce serait notre mort, affirma Lemyna. Dors, maintenant, ajouta-t-elle d'une voix radoucie, je veille sur toi."

***

"Nous les avons enfin semés !"
"Tu es malin aussi, à vouloir nous faire dévaliser des brigands !"
"Ils étaient en train de détrousser des voyageurs ! Je ne pouvais pas savoir que leur campement était si loin, ni qu'ils avaient des chevaux ! Et puis, vous étiez d'accord pour me suivre non ? De plus, Belabâr était censé monter la garde."
"Oui, peut-être."
"Comment ça « peut-être » ? Tu as failli tous nous faire tuer !"
"Peut-être… Mais j'ai eu ce que nul ne peut envisager…"
"Qu'est-ce que c'est ?"
"Montre-nous vite !"
"Ce n'est pas encore le moment."
"Et ma dague dans ta gorge, ce n'est pas le moment ?"
"Bon, d'accord. Vous allez voir. De toute façon, ça ne restera pas silencieux bien longtemps…"
"Dépêche-toi !"
"Pas si vite… J'ai quelques conditions à poser…"

***

"Felak, voici mon fou, annonça Lemyn. Ne t'attends pas à ce que je le congédie pour que tu me parles. Il est mon double. Ce que j'entendrai, il entendra. Tu peux renvoyer tous les autres domestiques à mon service, sauf Blondinette. Il s'occupera de moi. A présent, parle."
"Père, les nouvelles ne sont pas bonnes."
Le jeune homme hésita, lança un regard au fou et le trouble se lut sur son visage pâle, bien que ses yeux foncés fussent volontaires et déterminés. Il poursuivit :
"Nos inquiétudes grandissent. Les troupes viennent à nouveau de subir une attaque des elfes."
Puis, après un nouveau regard d'hésitation, il s'emporta.
"Nous ne pouvons nous laisser massacrer ainsi sans rien dire ! Père ! N'avez-vous plus confiance, même en votre fils ? Je vous en supplie ! Faites quelque chose !"
"Sors", l'interrompit Lemyn. Il avait l'air las. Ses yeux se fermèrent, comme sous le coup d'une grande fatigue. Les rides de son front, déjà profondes, se creusèrent davantage.
"Sors, mon fils", dit-il d'une voix plus douce.
Felak se retira, non sans avoir jeté un dernier regard haineux vers le fou.

Kia tu as trouvé le mot juste: SUBLIME!!!!!!!!!!!

Mais arrêtez à la fin ca me gêne ! Je sais plus quoi dire avec tous ces compliments ! Ya vraiment personne qui a quelque chose à redire ? Bon, ben la suite (à ce rythme, ça sera bientôt fini...)


"C'est incroyable ! Un bébé elfe !"
"Je croyais qu'ils sortaient adultes des arbres !"
"Moi, je pensais qu'ils apparaissaient à côté des premières roses, au printemps !"
"Il faut tout de suite envoyer ce phénomène à Felak !"
"C'est certes un grand prodige, qui mérite d'être connu."
"Vous oubliez votre promesse !"
"Tu oublies tout l'or que nous pourrions gagner grâce à lui !"
"Je me fiche de l'or et tu as fait une promesse, comme tous les autres !"
"Mais pourquoi le fou ?"
"Il connaît une elfe de lumière et tu as dit que c'en était peut-être bien un lui-même."
"Alors les elfes continueront à vivre !"
"Et alors ? C'est nous qui avons été envoyés pour les tuer ! C'est nous qui avons incendié leurs villages, nous qui avons exterminé ce peuple ! Nous ont-ils fait du mal, ont-ils cherché à nous tuer à leur tour ? Aucun d'eux n'a levé la main sur nous dans le village. Et le groupe que nous avons surpris plus tard ne s'est battu que lorsque c'était inévitable. Pourquoi devrais-je croire aux rumeurs que Felak fait circuler par notre entremise ? Nous les avons vus, ils sont inoffensifs. Ils sont même bienveillants à notre égard, malgré tout ce que nous leur avons fait. Je ne veux pas que cet enfant soit élevé dans la haine que vous vouez à ses parents. Je ne veux pas qu'il soit exposé comme un prodige. Je ne veux pas qu'on le tue. Et je ne peux pas l'adopter. Il ira donc à quelqu'un qui, s'il n'est pas du peuple elfe, au moins le connaît et l'apprécie. Le fou protégera l'enfant. Il lui enseignera le respect et l'amour que nous devrions tous avoir pour ses paires."
"Tu ne peux pas faire ça. Ce serait ta mort et la nôtre."
"Je quitterai Castelcourageux et me mettrai en quête du fou dès que nous aurons rendu compte à Felak. Et si l'un de vous trahit son serment, je n'aurai de cesse de le poursuivre jusqu'à sa mort."
"Ou la tienne."
"Es-tu prêt à courir le risque ?"

***

"Auriez-vous une place pour une ménestrelle affamée ?" demanda Elfie en entrant dans la salle des gardes.
Des visages méfiants mais pas hostiles se tournèrent aussitôt vers elle.
"Et que faites-vous ici ? demanda un jeune homme à l'air bagarreur. Je croyais que les ménestrelles ne jouaient que pour les seigneurs."
"Paix, Gabil, mon fils. Si tu ne t'es pas assez défoulé aujourd'hui, retourne au terrain d'entraînement", intervint un vieil homme couvert de cicatrices. Son visage était cependant avenant et un large sourire illuminait ses traits.
Le jeune homme se renfrogna mais n'en jeta pas moins un regard provocateur à Elfie.
"Jouer pour les grands seigneurs ne remplit pas l'estomac, homme, répondit celle-ci, et je préfère être ici près du feu plutôt que dans les grandes salles froides. Mais peut-être sont-ce là des soucis moindres pour un soldat aussi vaillant que vous ?"
"Bien répondu ! s'exclama le vieil homme balafré. Mais à présent, montrons à cette ménestrelle que nous savons aussi être accueillants à Castelcourageux. Je me nomme Gamil, dit-il en se levant et en serrant la main d'Elfie. Vous connaissez déjà mon fils Gabil, bien que je sois aussi le père de deux autres garçons beaucoup moins turbulents, mais tout aussi courageux. Soyez la bienvenue ! Vous vous restaurerez à mes côtés tandis que nous bavarderons. Après, libre à vous de nous quitter ou de chanter avec nous et pour nous !"
"Voilà qui me plaît ! s'exclama Elfie. Alors Gamil père de Gabil, je vais de ce pas dévorer le fromage que je vois sur cette table. Une bonne ration de pain serait également la bienvenue, ainsi que quelque boisson. Pendant ce temps, si vous le voulez bien, vous m'entretiendrez des nouvelles de la région, car il y a bien longtemps que je suis sur les routes, et sept années se sont écoulées depuis ma dernière visite, qui n'avait duré que quelques jours, je le crains. Et peut-être est-ce pour cette raison que je ne vous rencontrai pas alors, ce que je regrette aujourd'hui."

***

"Fou ?"
"Monseigneur ?"
"Est-il parti ?"
"Oui."
"A-t-il dit la vérité ?"
"Mon peuple a été exterminé il y a maintenant deux lunes. Il occupait seul la forêt."
"Seul ?"
"Seul."
"L'ensemble de ton peuple ?"
"L'ensemble de mon peuple."

LA SUITE!!!!!!!!!!!

Désolée j'avais oublié de le poster...



"Te voilà enfin !" s'écria Elfie en voyant Lemyna apparaître à l'autre bout du couloir.
"Silence ! chuchota celle-ci. Je n'ai que très peu de temps. On ne doit pas nous voir ensemble. Qu'as-tu appris ?"
Elfie soupira.
"Nous sommes dans le royaume de Qualité, dit-elle. Celui-ci est divisé en sept Comtés : Courage, Patience, Sagesse, Humilité, Franchise, Générosité et Fidélité. Les habitants doivent obligatoirement en porter les qualités et les mettre en valeur. Les récalcitrants sont envoyés dans un autre Comté ou jetés hors du Royaume. Ils sont séparés de leur famille, obligés de reconstruire leur vie dans une contrée inconnue alors qu'ils ont tout perdu et sont dédaignés par le reste de la population. Combien sont déjà venus me dire à quel point leurs enfants étaient courageux ! Ils ont peur Lemyna, peur…"
"Appelle-moi fou, ménestrelle !" s'écria le bouffon. Ses yeux scintillèrent de colère et une expression de rage pure éclaira un instant son visage. Puis il secoua la tête et les grelots d'argent de sa coiffe cinglèrent comme la pluie sur une vitre.
Soudain, Lemyna se tint de nouveau face à sa sœur, l'air déroutée. "Il faut que tu comprennes, chuchota-t-elle d'une voix hachée. Je ne puis plus être moi depuis que je suis au service de Lemyn. Il a dit « tu seras mon double, fou » et chaque seconde qui passe rend cette phrase plus réelle. J'ai l'impression qu'il entend tout ce que je dis, qu'il voit tout ce que je fais… Je ne peux plus qu'exécuter ses ordres." Elle soupira, se frotta les yeux, puis reprit : "Pardonne-moi Elfie, je ne sais plus ce que je dis. Continue, s'il te plaît."
"Lemyn est non seulement le roi de ce Comté mais aussi celui du Royaume de Qualité tout entier, dit l'elfe d'une voix inquiète. Lem… Fou, tu ne vas pas bien ! Il faut que nous quittions cet endroit au plus vite ! Retournons dans la forêt."
"C'est ici seulement que nous sommes en sécurité, s'obstina Lemyna. Felak, le fils de Lemyn, envoie de plus en plus de troupes dans la forêt, puis rapporte à son père que les elfes les attaquent. Le roi est moins dupe qu'il veut bien le laisser paraître et il se fait passer pour plus vieux qu'il n'est, mais il laisse quand même faire et il ne vivra pas éternellement non plus."
Elle soupira à nouveau, puis regarda Elfie avec une infinie tristesse. Soudain son visage se figea.
"Il va falloir que je parte, dit le fou, le roi m'attend."
"Mais je ne t'ai pas dit l'essentiel ! s'exclama Elfie. Ecoute bien. Felak ne sera jamais roi. Depuis que le Royaume existe, le pouvoir passe d'un Comté à l'autre. Quinze ans avant la mort du roi, un enfant naît chez un haut dignitaire du Royaume, dans un autre Comté, et c'est lui qui monte sur le trône. Pourtant, personne n'est né dans la noblesse depuis Felak, qui a vingt ans. D'aucuns s'extasient de la longévité de Lemyn, mais d'autres murmurent qu'il mourra sans descendance et qu'une guerre civile éclatera. Je crois en cette rumeur. Lemyna, je t'en prie, parle au roi."
Mais le fou s'était retourné, et il était déjà à l'autre du bout du couloir lorsque Elfie acheva sa phrase. L'elfe ne put que le regarder partir, triste, désemparée et inquiète.

***

"Que se passe-t-il ?"
"C'est le bébé ! Il pleure !"
"Eh bien ! Il faut le changer, c'est tout !"
"Mais je ne sais pas changer les elfes !"
"Tu ne serais même pas capable de torcher tes propres gamins ! Et ils sont humains ceux-là, bien que pas de toi, j'en gagerai ! Va prendre ton tour de garde et ne songe même pas au moindre reproche, si tu ne peux pas t'occuper d'un marmot ! Sois heureux que je m'en charge !"

***

"Maître", murmura Lemyna avec un soupir.
"Fou ?" interrogea Lemyn.
"Oui", murmura-t-elle encore, les larmes aux yeux.
"Tu viens de deviner ce que j'allais te demander", constata le roi.
"Ta formation est achevée, fou, ajouta-t-il après un instant de silence. Tu es mon double à présent. Tout ce que tu entendras, j'entendrai. Et tout ce que j'entendrai, tu entendras."
"En effet maître", répondit le fou en agitant les grelots d'argent de sa coiffe.
"Cesse de m'appeler maître, fou. Je ne suis le maître de personne. Personne sauf toi. Alors appelle-moi Lemyn. Tu es le seul qui m'obéisse encore assez ici pour avoir cet honneur. Me crois-tu aveugle au point de ne pas remarquer les manigances de Felak ? Tu sais, fou, je le protégerai jusqu'au bout. Il est mon fils."
"Vous avez pourtant une fille dont vous ne vous souciez guère !" s'exclama Elfie en sortant d'un linteau de porte finement ouvragé.
"Et où serait-elle plus en sécurité que près de moi ?" demanda calmement le roi.
"A mes côtés ! hurla la jeune elfe, folle de rage. Vous ne vous souciez pas de la réduire en esclavage, de la priver de ses pensées par je ne sais quel stratagème, de la rendre méconnaissable même à ses proches !"
"Et qui maintenant, dit calmement Lemyn en se levant, qui peut prétendre reconnaître l'elfe qu'elle était et l'elfe que vous êtes ? Qui peut voir sa mère à travers ses traits ? Ou même les miens ! Elle est le fou ! A présent, qui d'autre que moi y a droit ? Elle est à moi !"
"Arrêtez," murmura Lemyna. Elle se laissa doucement tomber au sol, recroquevillée sur elle-même.
"Laissez-la," ordonna le roi.
"Vous ne m'enlèverez pas ma sœur ! " s'écria Elfie en se précipitant vers ce qui n'était plus qu'une poupée de chiffon divisée en deux. Elle se pencha pour relever la semi-elfe.
"Non, Elfie."
Le fou leva la tête, mais c'était bien Lemyna qui parlait. Ses yeux n'étaient plus que l'ombre de son désespoir et le noir de la résolution en ternissait encore l'éclat. Les larmes qui brillaient à leurs coins étaient des perles de souvenirs perdus et oubliés.
"Il a raison. Laisse-moi, supplia-t-elle. Pour notre sécurité. Pour que Mère ne soit pas morte en vain. Pour qu'il y ait toujours une elfe sur cette terre. Laisse-moi. Je ne peux pas vivre entre lui et toi. Et c'est lui qui l'emporte. Laisse-moi. Pour nos souvenirs. Pour nous."
"Jamais", murmura Elfie en prenant sa sœur dans ses bras, le visage baigné de larmes désespérées d'un bleu translucide.
Lemyna se dégagea. Puis, après un dernier regard d'amour profond et de détresse, la voix du fou dit d'un ton dur et ferme :
"Elle t'aimait, fille des Elfes. Mais elle ne peut plus lutter. Lemyna est morte. Le lien est rompu."
Le fou se releva d'une cabriole, salua, agita ses clochettes devant le roi et lui ouvrit la porte.
"J'ai gagné ! s'écria-t-il. Après vous mon bon sire."
La porte se referma en silence derrière eux. Seuls les sanglots d'Elfie, allongée sur les dures dalles de pierre du palais, troublaient la paix de la pièce.

***

"Mon roi."
"Fou ?"
…
"Comment est-elle entrée ?"
"Ce que je sais tu sauras, ce que j'entends tu entendras."
"Explique-moi."
"Je suis fou. Je ne résous pas les énigmes, je les pose. A vous de décoder celle-ci."

Pauvre Lemyna! Pauvre Elfie!

Tu pleures un peu tôt je crois...

"Joue encore Elfie", demanda Gabil.
"Non", répondit la jeune elfe.
"Pourquoi ?" interrogea le garde.
"J'ai passé tout l'hiver ici, vaillant soldat, et j'ai sympathisé avec toi, dit doucement Elfie. Mais pas au point de jouer pour tes uniques oreilles. J'attendrai qu'un autre entre et s'attable pour à nouveau faire chanter mon instrument."
"Alors laisse-moi donner de la voix pour toi", insista Gabil.
"Et que dirait ton père en entrant dans la salle ? Mon fils, imita-t-elle le vieux garde balafré, tu as beau avoir du courage, il te manque encore les manières ! Oser chanter devant une ménestrelle ! Je suis encore plus honteux que si je la trouvais sur tes genoux."
"Mais je n'ai pas dit que je ne voulais pas de toi sur mes genoux", affirma Gabil, tout à fait sérieux à présent.
"J'ai oublié de passer à l'écurie, je n'ai pas vu les chevaux depuis quelques temps", dit Elfie en se levant précipitamment.
"Je peux venir avec toi, si tu veux", proposa aussitôt le jeune garde.
"Penses-tu vraiment que je ne vais pas trouver le chemin ? rétorqua l'elfe, un sourire aux lèvres. Non ce n'est pas la peine, je te retrouverai plus tard."
"Tu n'as jamais supporté les chevaux enfermés", dit Gabil aux pas d'Elfie qui s'éloignaient rapidement.

***

"Vous voici enfin ! Je commençais à m'impatienter !"
"Nous avons accompli notre mission, seigneur Felak, et elle a duré de nombreuses lunes."
"Elle a duré plus que nécessaire. Les équipes qui vous ont précédé ont accompli la majorité du travail. Il ne vous restait plus qu'une tribu."
"C'était la plus importante, seigneur, et elle n'était pas au complet lorsque nous avons enfin découvert son village. Nous avons dû fouiller la forêt pour trouver les derniers elfes qui l'habitaient."
"Peu m'importe les moyens, seuls les résultats comptent. Et ils ne sont pas ceux que j'escomptai dans le délai qui vous était imparti. Vos récompenses seront calculées en conséquence. Et estimez-vous heureux qu'il y en ait une."
"Merci, seigneur Felak. Pouvons-nous espérer un autre emploi ?"
"Vous serez affectés à ma garde personnelle."
"Nos cœurs s'inclinent devant votre bonté seigneur !"
"Les membres de ma garde personnelle me nomment Felak."
"Seigneur ?"
"N'as-tu pas entendu ce que je viens de dire?"
"Seigneur, je ne désire pas faire partie de votre corps de garde."
"Toi, Belabâr, le meilleur de mes soldats ? Pourquoi donc ?"
"Je voudrai entreprendre un voyage personnel de durée indéterminée. C'est pour cette raison que je souhaiterai recevoir ma paye."
"Sais-tu ce qui arrive aux déserteurs et aux traîtres ?"
"Je ne me considère ni comme l'un ni comme l'autre, seigneur Felak, et je repartirai demain matin."
"Tu auras ta paye, et un sauf-conduit qui te permettra de circuler librement dans tous les Comtés. Ne te fie pas à tes alliés. Certains pourraient te planter un couteau dans le dos. Je te regretterai Belabâr."
"Vous n'en aurez pas l'occasion seigneur."

***

"Vous avez de grands talents, ménestrelle", complimenta Belabâr en s'approchant.
"Je vous remercie, jeune homme", répondit Elfie.
"Jeune ? sourit l'intéressé. Il y a longtemps que je ne suis plus jeune."
"Pourtant, c'est ce que vous paraissez, dit l'elfe. Bien que les épreuves aient marqué votre front, vous ne devez pas avoir vingt ans."
"Non en effet, mais l'âge ne se mesure pas au nombre d'années, soupira-t-il. Cela n'a pas d'importance. Je me nomme Belabâr, ajouta-t-il en s'inclinant, et je suis heureux de vous trouver ici. J'ai à m'entretenir avec votre ami le fou et vous."
"Mon « ami le fou » est au service du roi à présent", répondit Elfie d'une voix glaciale, le visage soudain fermé.
"Mais, s'affola Belabâr, il me faut le rencontrer ! J'ai attendu cet instant depuis tellement longtemps ! Je dois partir demain. Et puis il y a le petit…"
"Quel petit ?" interrogea l'elfe avec un soudain regain d'intérêt.
"Ecoutez, je… s'embrouilla le jeune garde, de plus en plus paniqué. Je vous ai déjà vue avant, se reprit-il. C'était il y a plusieurs lunes, vous étiez sur la route avec votre compagnon et j'ai tout de suite su que vous étiez une…"
"Taisez-vous ! souffla Elfie. Que pensez-vous qu'il m'arrivera si quelqu'un vous entend ? Silence ! Que voulez-vous ?"
"Je vous l'ai déjà dit, chuchota Belabâr, énervé et troublé, une rencontre avec le fou et vous."
"Vous avez été au loin durant de trop nombreuses lunes, constata Elfie, le visage plus dur que le roc. Un hiver est passé depuis notre arrivée ici. Le fou est à présent la chose du roi, et il a brisé notre amitié. Mais je vais veiller à ce qu'il vous rencontre. Mon cœur veut espérer que vous pourrez faire quelque chose pour le ramener à la vie. Soyez ici-même, dans la salle des gardes, cette nuit, au dernier rayon de lune."

***

"Toi et toi. Suivez-le."
"Bien Felak."
"Attendez deux jours, trois au plus, et tuez-le."
"Vos désirs sont des ordres, seigneur."
"Vous serez bien payés. Belabâr est trop sage pour survivre sans nous trahir. Mais si vous échouez, vous subirez le même sort… en bien plus douloureux."

la suiiiiiiiiiite! Mais je veux savoir moi!!!

"Mais où m'emm…"
"Chut ! Taisez-vous ! chuchota Elfie en poussant Belabâr dans le garde-manger du château. Que dirons-nous si on nous surprend ?"
"Que j'ai tenté de…" reprit le garde.
"Silence ! souffla l'elfe avec colère. Je ne veux plus un mot de votre part avant notre arrivée auprès du fou."
Elle décala légèrement une étagère et se faufila derrière.
"Suivez-moi", murmura-t-elle.
Belabâr la rejoignit. L'elfe le poussa à l'intérieur d'un renfoncement dans le mur, le fit pivoter, puis avancer de quelques pas à travers ce qui semblait être un couloir. Le garde ne voyait plus rien dans la profonde obscurité qui l'entourait. Elfie le lâcha brusquement. Le jeune homme manqua tomber mais se retint de justesse à un mur opportunément placé à cet endroit.
"Pas un bruit ! chuchota vivement l'elfe. Attendez-moi quelques instants, je vais remettre l'étagère en place. J'aurai une torche à mon retour."
Belabâr se retrouva seul dans l'obscurité. Des heures ou plus probablement quelques minutes plus tard, le jeune homme fut ébloui par la lueur d'un flambeau. Elfie était de retour.
"La peste soit des humains ! s'emporta-t-elle, toujours à voix basse. Ils se perdent dans les ténèbres et ne veulent voir la lumière. Suivez-moi à présent."
Et elle s'engagea d'un pas vif dans le corridor, sans plus se soucier du jeune garde.
Les croisements et les escaliers se succédèrent. Belabâr était depuis longtemps perdu dans ce labyrinthe lorsque la jeune elfe reprit la parole :
"Je suis désolée, souffla-t-elle, je ne voulais pas vous froisser. Les temps sont durs. Cela n'excuse rien, mais explique beaucoup. Je vais vous dire où nous allons à présent et où nous sommes.
"Lorsque le roi n'a plus besoin du fou, il l'abandonne dans une chambre sous les combles. Mon ami y reste alors prostré jusqu'au retour de son maître. N'escomptez donc aucune réponse lorsque vous vous adresserez à lui. Heureusement pour nous, cette chambre a longtemps été le refuge d'un espion du roi, chargé de surveiller l'ensemble des sujets du château. Cet homme avait ainsi créé tout un réseau de couloirs secrets permettant de voir sans être vu. Aujourd'hui, je pense être la seule avec le fou, et certainement le roi, à en connaître l'existence. Cet endroit est abandonné depuis de nombreuses années. Nous voici arrivés. Reculez-vous."
Elfie s'avança. Un loquet était dissimulé dans un recoin du corridor. Elle le repoussa puis s'appuya sur le mur qui lui faisait face. Celui-ci s'écarta. Elle pénétra dans une chambre minuscule, Belabâr à sa suite. La cloison se referma derrière eux.
Le fou était assis en tailleur sur son lit, au fond de la pièce. Il les observait. Ses yeux luisaient d'une étrange et inquiétante lueur dorée.
"Je vous attendais", dit-il d'une voix monocorde.
Un effrayant sourire défigurait son visage. Il demeurait immobile, comme une mécanique dont on aurait oublié de remonter le ressort.

***

"Le tuerons-nous ?"
"Commençons par le suivre."
"Nous avons longtemps été amis."
"Il y a une belle récompense à la clef."
"J'ai des remords."
"Nos vies sont menacées."
"Nous pourrions fuir avec lui."
"On nous poursuivrait."
"Pas très loin, ni très longtemps."
"Je ne veux pas vivre en paria. Si tu ne le tues pas, je le ferai."

***

"Je me nomme Belabâr, et je viens demander votre aide, dit le jeune homme d'une voix solennelle mais ferme. Je sais qui vous êtes, ce que vous êtes. Et je voudrai vous confier un de votre race pour que vous assuriez sa sécurité."
"Un de notre race ?" demanda Elfie avec intérêt.
Mais le fou s'était réanimé. Il se dressa sur son lit. La lueur de ses yeux passa du doré au vert, puis au rouge sang.
"Nous ne sommes pas ce que vous croyez," affirma-t-il.
D'un geste brusque il retira sa coiffe, faisant tinter les grelots d'argent.
"Je me nomme Lemyna, dit-il. Et je suis une bâtarde elfe."
Soudain, le nœud qui maintenait ses cheveux attachés se relâcha. Ils tombèrent en une fantastique cascade d'or le long de ses épaules. C'était bien Lemyna qui se tenait là, droite et frêle dans ses vêtements d'homme, clignant des yeux , hébétée.
"Elfie…" murmura-t-elle.
Elle se précipita dans les bras de sa sœur, laissant librement couler ses larmes.
"Oh Elfie, c'était si affreux ! s'exclama-t-elle entre deux sanglots. J'étais morte, vide ! je ne pouvais plus réagir, je…"
"Chut… Là, là… la rassura la jeune elfe, la berçant doucement et lui caressant les cheveux. C'est fini maintenant. Si tu savais comme tu m'as fait peur ! Je t'ai crue morte, ou pire ! Tu n'étais plus nulle part… Mais c'est fini. Tu es de retour. Si tu savais comme je suis heureuse ! Et je parle alors que tu es exténuée ! Il faut que tu récupères à présent. Allonge-toi, et dors. J'écouterai seule Belabâr et te présenterai sa requête. Calme-toi, je suis là. Je veille sur toi."

***

"Vous n'allez pas bien."
"Non certes, mais je vais mieux depuis que le fou est à mes côtés."
"Ce n'est pas vrai !"
"Je veux le croire, Felak."
"Et tu veux également croire ses mensonges !"
"Ses mensonges sont vrais. Tu sais qu'il est en mon pouvoir."
"Vous vous mentez ! Vous refusez de voir ce que même votre peuple sait avec certitude à présent : les elfes sont mauvais !"
"Jamais je ne dirai une chose pareille !"
"Mais ton peuple attend que tu le lui dises. Si tu ne le fais pas, on nommera quelqu'un d'autre pour assurer l'intendance pendant ton internement !"
"Et en quoi cela te chagrine-t-il puisque c'est toi qu'on nommera ?"
"Père ! Comment osez-vous songer à cela ? C'est indigne !"
"Allons Felak, mon fils, ne me prend pas pour plus bête que je ne suis. Je sais que tu n'as aucun amour pour moi et que ton unique objectif est le trône."
"Sauvez-vous Père, sauvez votre honneur et votre couronne ! Admettez que les elfes sont mauvais et qu'il faut les anéantir."
"Je préférerai mourir."
"Dans ce cas vous mourrez."